Criture

Le Surréalisme n'est pas un mouvement littéraire ou artistique. C'est une praxis de l'imaginaire, c'est un mode analytique d'investigation et de mise à jour de l'expérience affective inconsciente au travers du jeu de l'expérience créatrice et de l'élaboration psychique qui en est le fruit nourrissant ou vénéneux .

Cet ouvrage recueille l'ensemble de mes textes théoriques sur l'écriture et sur le conte merveilleux publiés entre 1964 et 2000. Il manifeste la trace puissante que la rencontre explosive de l'expérience surréaliste a inscrit dans mon destin personnel et professionnel. Il recueille également un certain nombre de mes textes poétiques et littéraires qui illustrent le caractère indissociable à mes yeux de l'expérience créatrice et de l'exercice de la pensée analytique. Il fait également état de d'expériences analytiques thérapeutiques que j'ai conduites dans lesquelles l'écriture a été un territoire d'expansion fastueux pour mes analysants. Mon projet est de définir une praxis du travail analytique qui se démarque avec clarté d'autres forme de thérapie médiatisées pour lesquelles le travail de la forme reste inféodé au primat du contenu psychique et de son déchiffremnt symbolique dans le jeu de la verbalisation et de son interprétation.

Extrait de mon dialogue avec Bernard CADOUX au sujet de son livre
"ÉCRITURES DE LA PSYCHOSE

"Je pense que mon carburant pour ce type d'écriture bagarreuse est la haine, Une belle et bonne et franche haine de la destructivité, quiète, particulièrement soignée dans les titres de mes articles : "Petit manuel de sabotage de l' appareil à penser", "Le péché originaire", "File-moi ton Pampers", "Les éléphants sur la verrière", "Ah ça ira, ça ira, ça ira", "Des grumeaux dans le placenta", "Motus et bouche cousue", "Maman, frappe-moi encore"... cette écriture-là touche profondément ceux pour qui cette haine nourricière est porte-parole, porteuse de sens et stimulante. Qu'elle révulse par contre ceux qui entretiennent avec l'institution des rapports prostitués. Si une dimension de mon écriture est sublimatoire, c'est bien celle-là, qui me protège de l'expérience de l'expression physique de la colère contre les castrateurs/casse-couilles, surtout contre ceux qui se sentent investis à mon égard d'une mission de redressement, d'un rôle tutélaire de mise aux normes du métapsychiquement correct. Cette écriture-là, insolente, vulgaire au moment exactement choisi, irrespectueuse des icônes, quelquefois bourrée d'un humour meurtrier, me vaut de fortes haines en retour et la mise hors circuit du monde de l'édition. Je n'engrangerai probablement jamais les dividendes du travail intellectuel de toute mon existence. Je dois avouer que j'ai du mal avec ça. Mais j'y ai aussi une certaine fierté. Je suis un homme de maquis, avec toute l'ambivalence qui s'attache à ce mode d'expérience."