Requiem pour la vache folle
Propos amers sur l'éducation créatrice

Lettre de Michel Thévoz

Atelier de l'ART CRU
A l'attention de M. Guy Lafargue
34 Rue Chantecrit
F – 33300 Bordeaux

Lausanne le 25 Mai 1999

Cher Guy Lafargue

Vous nous livrez avec Requiem pour la vache folle une somme de réflexions qui sont au croisement de la théorie, de la pratique, de la thérapie, de la création artistique - bref, au carrefour de toutes nos contradictions. Ouvrage crucial, et très vivant, dans lequel vous vous engagez personnellement et par conséquent, vous nous impliquez directement. Vous nous proposez une alternative globale à tout ce qui s'est institué et nécrosé en matière éducative, scolaire, artistique, etc...
Doublement impliqué, pour ce qui me concerne, en tant que professeur d'histoire de l'art et en tant que directeur de musée, je puis mesurer l'opportunité de ce message. Il serait hautement souhaitable qu'il puisse trouver un éditeur à large diffusion, je suis sûr qu'il trouvera un écho considérable.

Bien cordialement à vous

Michel Thévoz

Extrait du livre

L'école est une maladie chronique de la société française dont il ne semble pas possible de trouver la thérapeutique. Ceci est particulièrement vrai dans le domaine de l'Éducation Créatrice où s'exerce en toute impunité sous le nom d'éducation artistique un véritable attentat contre l'intelligence sensible.

La démocratie s' est vidée de toute la tension et de tout l'idéalisme libertaires incarnés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. Si la démocratie est en si piteux état d'anémie et d'immoralité, c'est à la façon dont les hommes et les femmes ont appris à l'école qu'elle le doit.

Le premier des droits des citoyens, des enfants, est le droit à une éducation intelligente, stimulante, vivante ; le droit au respect des aptitudes sensibles et des potentialités créatrices des enfants. Personne parmi les élites pédagogiques de ce pays ne semble mesurer le caractère précieux et tellement fragile des dispositions innées des enfants à s'exprimer de façon créatrice dans tout les plans de leur développement esthétique, affectif aussi bien que cognitif, pour peu que l'on crée les espaces et les outils pédagogiques qui en respecte les dynamismes naturels.

La véritable performance à accomplir aujourd'hui pour continuer à exister en tant que culture et que système éthique, c'est de trouver le chemin d'une éducation de la personne : sensible, inventive, profondément préoccupée de la croissance affective, émotionnelle et cognitive des enfants, et respectueuse de leur vitalité créatrice.